Dans tout ce que j’ai pu lire sur la transformation digitale (bonnes pratiques, enjeux, méthodologies, etc.), il y a une chose que l’on n’évoque jamais et qui pourtant me semble cruciale : le silo digital !
À mon sens, le silo digital est une nécessité pour les entreprises à faible maturité digitale, mais à un moment donné, il devient un réel frein à la transformation, donc « l’homme à abattre ».
Bien sûr, la transformation numérique de l’entreprise me semble être l’affaire de tous : elle ne peut pas être portée par une seule personne (pas même un CDO super-héros multitask !) ou par un département digital isolé. Bien sûr, parmi les facteurs clés du succès, on retrouve :
1/ l’acculturation au digital de toutes les fonctions de l’entreprise
2/ le décloisonnement entre les différents silos qui apporte une coopération transverse
3/ l’intelligence collective alimentée par une variété de profils, visions et compétences
Mais tout ceci reste très théorique, et ne peut pas se faire d’un coup de baguette magique du jour au lendemain, alors comment lui donner vie en pratique ?
Le sujet ici est bien celui de la culture du digital et de son rayonnement au sein de l’entreprise, que je considère comme un préalable à une transformation avancée et à l’innovation disruptive.
Au cours de mes différentes missions, j’ai pu voir, de l’intérieur, des entreprises avec des niveaux de maturité digitale très divers. Les plus avancées ont déjà mis en place un département digital conséquent, intégrant plus ou moins toutes les compétences nécessaires et fonctionnant relativement bien. Les entreprises les moins avancées n’ont pas de stratégie ou d’activité digitale à proprement parler. Elles laissent la DSI faire son job, prenant pour postulat que moderniser leur système d’information est une condition suffisante pour aboutir à une réelle transformation digitale (voir mon billet « Non, une stratégie digitale ce n’est pas d’abord une stratégie IT » de septembre 2016 à ce sujet).
J’ai pourtant constaté que même les entreprises les plus avancées souffrent d’un manque d’acculturation dans les autres services, d’un manque de collaboration transverse et souvent d’une image de service « exotique » : le digital exerce son activité dans son coin et ses applications pratiques ne sont souvent ni comprises ni utilisées par les autres services, qui n’ont pas participé à l’élaboration des projets.
Bref, ces entreprises « avancées » ont créé un nouveau silo et rajouté une strate de complexité à leur organisation, ce qui paradoxalement les freine dans leur processus de transformation et les empêche d’innover.
Mon conseil ? Cassez ce silo en répartissant les équipes dans les autres services et ne gardez qu’une équipe restreinte pour l’innovation, qui travaillera en transverse avec les équipes ainsi ventilées. Par exemple, placez l’e-commerce et l’affiliation au sein du service commercial, le web marketing au sein de l’équipe marketing & communication, le social media et le CRM au sein de la communication ou du service clients, les développements au sein de la DSI… Tout ceci en fonction de votre activité et de votre organisation bien sûr. Le double avantage que vous en retirerez, c’est :
1/ des équipes ventilées qui se connaissent et ont l’habitude de travailler ensemble (ce qui ne devrait pas changer), mais avec des managers différents qui insuffleront leurs objectifs et points de vues
2/ des représentants du digital au sein des différents services qui pourront faire ce travail d’acculturation au sein de leur nouveau service.
Pour les entreprises les moins avancées, qui n’ont pas encore de stratégie digitale à proprement parler, mon conseil est :
1/ commencez par définir une stratégie avec le marketing et le commerce (faites vous aider par un consultant si nécessaire)
2/ empressez-vous de créer un silo digital avec le strict minimum de compétences nécessaires à votre stratégie (qui souvent ne sont pas techniques, mais plutôt marketing, communication, design, gestion de projet…)
3/ quand les premières activités digitales commencent à payer, ajoutez des nouvelles compétences par la formation ou le renforcement de l’équipe
4/ quand ce service devient mature, cassez le silo avant qu’il ne devienne un frein à votre transformation !
En conclusion, le silo digital m’apparaît comme un mal nécessaire qui doit rester provisoire et qui dépend du niveau de maturité digitale de votre entreprise.
Si vous souhaitez en parler, contactez-moi.
Xavier HERMAN